Germaine Tournier, dite Mainou, restée longtemps doyenne des comédiennes de Suisse romande, a servi durant toute sa carrière les artistes des mondes du théâtre et de la musique. Le 2 septembre 1996, elle crée la fondation Johnny Aubert-Tournier à qui elle lègue sa propriété familiale avec le souhait d’en faire un lieu dédié aux arts du spectacle. Elle offre ainsi un cadre de travail magnifique aux artistes romands et internationaux.
Les buts de la fondation
- Encourager la création artistique et littéraire en Suisse (résidences d’écritures et événement littéraires ou artistiques).
- Maintenir et préserver la mémoire principalement des arts du spectacle en Suisse romande (aide à l’édition, dans la mesure des moyens de la fondation, fonds d’archives FJAT, bibliothèque).
- Contribuer au rayonnement artistique des œuvres et des artistes.
Germaine Tournier, dite Mainou
Née le 12 mars 1905 à Genève, Germaine Tournier étudie le violoncelle auprès de Benito Brandia. Elle obtient un diplôme de capacité et joue en quatuor. Dès 1927 et jusqu’en 1933, elle est nommée première violoncelliste remplaçante à l’Orchestre de la Suisse Romande. En 1934, elle obtient le certificat d’art dramatique au Conservatoire de Genève, dans la classe de Carmen d’Assilva, et fait ses débuts sur les planches du Théâtre du Parc et du Studio d’art dramatique, amorçant sa transition vers le théâtre.
Dès sa sortie du conservatoire et durant toute sa vie, elle poursuit une riche carrière artistique. Elle met en scène ou joue dans de nombreuses productions, sous la direction de figures comme Maurice Jacquelin, Serge Nicoloff, ou Philippe Mentha. En 1939, elle travaille avec Ludmilla Pitoëff au Grand Théâtre de Genève, sous la direction du jeune François Simon. Elle s’illustre aussi au cinéma dans deux films de Leopold Lindtberg.
Jusqu’à un âge avancé, Germaine Tournier reste active sur scène, notamment dans des créations de Gérald Chevrolet, Philippe Morand, Martine Paschoud ou Dominique Pitoiset. Elle participe également à des films de Michel Rodde. Parallèlement, elle enseigne le théâtre pendant plus de quarante ans, notamment au Conservatoire populaire de Genève.
Lorsqu’elle signe, en septembre 1996, l’acte notarié créant la Fondation Johnny Aubert-Tournier – Maisons Mainou, Germaine Tournier a derrière elle une remarquable carrière de musicienne et de comédienne. À peine deux ans plus tard, elle s’éteint paisiblement, le 20 novembre 1998.
Johnny Aubert
Issu d’une famille de musiciens, John Adolphe Aubert naît le 11 novembre 1889 à Genève, cadet de sa famille. Formé au piano au Conservatoire de Genève, par Oscar Schulz puis Marie Panthès, il remporte dès 1909 plusieurs prix saluant sa virtuosité (Grande distinction, Prix Liszt, Prix du Concours international de piano de la revue Musica à Paris).
Dès 1912, il enseigne le piano au Conservatoire de Genève, durant une quarantaine d’années. Unanimement apprécié, il forme dans sa classe supérieure plusieurs générations de pianistes. Il est engagé dès 1921 comme soliste par l’Orchestre de la Suisse Romande. Parmi les compositeurs dont il resta un interprète particulièrement brillant, on retient notamment Franz Liszt, Béla Bartók, Beethoven. Il joue dès ses débuts professionnels le 5e concerto pour piano de Ludwig Van Beethoven avec l’Orchestre Lamoureux en tournée européenne et aux USA avec le violoniste Mac Millen. Il présente également le 5e concerto en 1935, sommet du spectacle des Fêtes du Centenaire du Conservatoire.
Le 30 juin 1926, il se marie avec Germaine Tournier, dite Mainou. Ensemble, ils rachètent la demeure familiale des Tournier à Vandœuvres et s’y installent. La propriété devient dès lors un lieu d’accueil pour de nombreux artistes, propice à l’écriture, à la création de concerts et de spectacles.
Souffrant peu à peu d’une diminution de ses capacités auditives, Johnny Aubert continue de donner de nombreux concerts et récitals. Il joue encore en public le 31 janvier 1954, puis une paralysie des bras le gagne. Il meurt le 1er mai 1954, à Genève.
Historique
Entre 1998 et 2004, sous la direction de Gérald Chevrolet, les Maisons Mainou développent une activité artistique soutenue, centrée sur l’accueil d’auteur.trice.s et la promotion de l’écriture dramatique. Grâce à un réseau de partenaires suisses et internationaux, de nombreuses résidences sont organisées, ainsi que des rencontres, lectures publiques, ateliers et projets transfrontaliers, comme Par-dessus le mur ou Écrits nomades. Plusieurs œuvres nées à Vandœuvres sont diffusées sur les ondes de la Radio Suisse Romande.
Parallèlement, un important travail d’archivage est mené : les documents de Germaine Tournier et Johnny Aubert sont triés, une bibliothèque théâtrale de 5 000 ouvrages est constituée, et un projet de centre de documentation romand est lancé avec le soutien de la Loterie Romande et de l’Office fédéral de la culture. Les Maisons Mainou deviennent alors un véritable lieu de mémoire du théâtre en Suisse romande.
Malgré la reconnaissance de son utilité publique et la diversification de ses soutiens (État, Ville de Genève, Pro Helvetia), la Fondation connaît des difficultés financières croissantes, aboutissant à l’interruption des activités en 2004. Cette première étape aura néanmoins permis de révéler ou de soutenir de nombreux talents de la scène francophone, en fidèle prolongement du vœu de sa fondatrice.
Après la réorganisation menée entre 2004 et 2008, Philippe Lüscher est nommé à la direction des Maisons Mainou.
Les activités peuvent reprendre. Des résidences, cafés littéraires, un festival d’ateliers théâtre, des ateliers d’écriture sont organisés tout au long de son mandat. Le lieu, propice à la création, voit émerger de nombreux textes donnés sur scène et des auteurs, émergents ou confirmés y trouvent un espace de création précieux. Un concours d’écriture est lancé et se déroule tous les deux ans, avec, à la clé, la publication des textes lauréats. D’importants travaux de rénovation sont menés et aboutissent, en juin 2022, à l’inauguration d’une magnifique salle de lecture, la Fenière, ancienne grange à foin, reconvertie en espace de travail.
En juin 2024, Philippe Lüscher décide de passer la main, après 16 ans de direction. Le duo Justine Ruchat et Mansour Walter est choisi par le Conseil de fondation pour lui succéder.
Archives romandes de théâtre
Introduction + image
À venir
Conseil de fondation
- Président
- Pierre-Yves Bosshard
- Codirection
- Justine Ruchat et Mansour Walter
- Membres
- Joël Aguet
Julia Batinova
Béatrice Graf
Sarah Guth